Méthodologie Chez moi demain #1 Enquêter le territoire : l’exemple de Villefranche-sur-Saône

Méthodologie Chez moi demain #1 Enquêter le territoire : l’exemple de Villefranche-sur-Saône

Quelles modalités pour garantir la qualité architecturale et d’usage des logements, répondant aux objectifs de la transition écologique, de maîtrise des coûts, ainsi qu’aux évolutions des modes de vie ?

Notre premier constat est encourageant : les démarches participatives, intégrant les usagers dès la conception de leur futur habitat, aboutissent souvent à des projets d’innovation poussée en matière d’environnement, mais également de vivre-ensemble. Et c’est ce second point sur lequel nous nous penchons tout particulièrement, car nous considérons qu’il est celui que va rendre pérenne le projet.

En effet : qui permet de faire vivre un bâti si ce n’est ceux qui vivent dedans au quotidien ? Vivre ensemble, en bonne intelligence ne se décrète pas. Mais cela se travaille. Et cela commence très en amont de l’emménagement.

Aujourd’hui, la promotion classique veut encore produire et vendre. Sans réflexion sur qui vont être les acquéreurs et de quoi ont-ils besoin.

Résultat : un parc immobilier déconnecté des vraies attentes de ses résidents qui ne trouvent que des logements là où une majorité de plus en plus bruyante cherche un lieu de vie, un habitat, un foyer avec des voisins, de la convivialité, de l’entraide et du bon sens.

La première question que pose Chez moi demain lorsqu’elle accompagne une collectivité dans l’émergence d’un lieu de vie sur son territoire est : pour qui ?

Cette simple question permet de savoir si l’on va aller vers de l’accession libre, de la location, du logement abordable, participatif, inclusif peut-être ? Dans ce cas : quelles sont les associations locales, pour quel public ? Un tiers-lieu ? Des espaces de vie partagés, dans quelle proportion ? Autant de questions qui, une fois leur réponse trouvée, permettent d’écrire un programme en phase avec les besoins. Première brique pour un projet de qualité et pérenne.

 

Villefranche ou une volonté forte de la mairie

« Avec cet écoquartier, nous ne souhaitons pas uniquement diminuer notre empreinte carbone en matière d’aménagements urbains, nous souhaitons favoriser le lien social et le vivre ensemble. L’intégralité des espaces publics a été conçue pour encourager les rencontres entre habitants dans le quartier, avec le parc comme poumon vert et zone de mixité et d’échanges. Nous souhaitions aussi aller plus loin en répondant à une demande naissante, celle de l’habitat participatif. Nous observons que de nombreux Caladois ont le désir de sortir de leur isolement, de mettre en commun des espaces privatifs, de mutualiser certains biens de consommation, en se dirigeant progressivement vers une économie du partage. Cet écoquartier est notre laboratoire d’innovation urbaine et nous souhaitions proposer un habitat alternatif permettant aux habitants de s’impliquer dans un vrai projet de co-construction de leur futur logement. Cette expérience que je souhaite réussie à terme pourra ensuite être dupliquée ailleurs dans la ville et dans l’agglomération. »

Benoît Froment, élu aux grands projets urbains de la Ville de Villefranche-sur-Saône

 

Un programme en lien avec les besoins identifiés du territoire

5 logements évolutifs seniors 

Les différentes enquêtes ont permis de déterminer qu’il ne fallait pas une majorité de logements seniors comme c’était l’idée au départ. Au contraire, grâce à l’une des associations spécialisées en logements seniors qui interviennent auprès des collectivités avec Idée Force, Odelia, il a été déterminé que Villefranche possédait un parc largement suffisant en logements spécialisés pour personnes âgées.

Ce qui manquait en revanche était des logements évolutifs adaptés personnes âgées autonomes qui souhaitent rester dans leur appartement autant que possible. Pour cela, nous avons accompagné la mairie à envisager avec les structures spécialisées la mutualisation de soins et services au domicile de ces futurs résidents le jour où ils en feront la demande.

Cette démarche a fait l’objet de réunions en intelligence collective afin de dresser un état des lieux pertinent et dessiner les contours d’une mutualisation des biens et services nécessaires à l’ensemble des parties prenantes.

Un habitat participatif

La commune de Villefranche a clairement émis la volonté d’un habitat participatif dans l’écoquartier Monplaisir. Un groupe de futurs habitants sera accompagné dans la définition de ses valeurs, de ses attentes et besoins. Une co-conception

Plusieurs projets ont été présentés, celui dessiné par Chez moi demain promet un lieu de vie incluant la dynamique du vivre-ensemble au-delà du groupe de futurs cohabitants.

En effet, ce projet – qui a reçu le label Qualité du logement de demain pour son volet innovation sociale– prévoit de faire bénéficier à l’ensemble des logements de ce programme une dimension de vivre-ensemble. Une 50n de logements avec des espaces de vie partagés, dans lesquels la mairie proposera également des animations pour une ouverture sur le quartier, sur la ville.

Des logements en accession à coût abordable

L’un des constats forts nés de ces enquêtes est la nécessité de permettre aux Caladois de rester sur leur territoire et/ou à des salariés locaux d’accéder à la propriété à proximité de leur lieu de travail.

Les distances parcourues chaque jour pour relier lieu de vie – lieu de travail sont en effet une source de fatigue, de stress et de perte financière conséquente.

Dans cette optique le projet s’est orienté vers l’accession à la propriété à coût abordable. Un programme permit par un maître d’ouvrage unique, spécialisé dans la construction sociale : Rhône Saône Habitat. L’opérateur villeurbannais est surtout l’un des plus innovants en matière de logements autrement. Il a déjà réalisé en co-maîtrise d’ouvrage un habitat participatif accolé à des logements sociaux ; il travaille régulièrement avec un assistant à maîtrise d’usage.

L’ensemble des logements restera donc à coût maîtrisé en respect de la qualité constructive attendue sur un écoquartier.

 

Le vivre-ensemble : le cœur de ce lieu de vie innovant

Être chez soi, mais ensemble. Les habitants sont au cœur de la conception de leur futur logement, puis de sa gestion, à travers une démarche collective et citoyenne. Que ce mode d’habiter soit participatif, coopératif ou inclusif, il s’agit d’une démarche collective qui répond à la volonté d’habiter autrement et au désir de participer à la conception de son logement. Création à la fois d’un habitat et d’un collectif d’habitants, chacun aspire à une forme de vie collective, solidaire et harmonieuse dans les rapports de voisinage au quotidien, sans pour autant “vivre en communauté”. Le projet mixe en effet espaces communs et individuels, pour lesquels les futurs habitants et usagers sont appelés à travailler en co-conception avec l’équipe de professionnels.

En complément de la co-conception, le vivre-ensemble sera travaillé avec les futurs habitants à différents degrés :

  • Le groupe d’habitants participatifs travaillera avec une spécialiste de l’accompagnement au vivre-ensemble et à l’autogouvernance.
  • Le groupe des habitants à l’échelle du projet sera convié à des ateliers de co-conception pour leurs espaces communs, mais également pour apprendre à vivre ensemble. Une animatrice spécialisée dans l‘émergence du vivre ensemble – sans que l’on soit dans un habitat dit participatif pour autant – permettra à chacun de se positionner et s’engage à hauteur de ses envies, de ses attentes et de ses possibilités.
  • À l’échelle du quartier : un projet de coopérative d’habitants devrait être voisin du projet L. Des ateliers de réflexion autour d’espaces mutualisables seront alors proposés à tous les futurs voisins le souhaitant.
  • À l’échelle de la ville : une maison des associations, des ateliers d’animations sportives, culturelles, artistiques, un espace dédié aux accueils extrascolaires en lien avec la maison des chauves-souris, avec l’écoquartier… De nombreux possibles que la Mairie sera invitée à venir coconstruire avec les futurs co-usagers de cet espace de vie commun

Un projet labélisé pour sa qualité

Cette dynamique du vivre-ensemble, apportée à différents degrés à l’ensemble des futurs habitants du projet, du quartier, a permis au projet L de l’écoquartier Monplaisir de recevoir de la ministre du Logement et de la ministre à la Culture le sceau d’excellence Engagé pour la qualité du logement de demain qui récompense le projet pour sa qualité architecturale, environnementale et d’usage, à coûts maîtrisés et au service de la production du logement de demain pour tou·te·s.

Intégrer les futurs habitants est au cœur de la méthodologie engagée sur ce projet.